…sera un autre jour, avec les mêmes personnes mais des mentalités qui changent au fil du temps, et c’est tant mieux, et c’est tant pis, et c’est surtout inévitable.
Je déteste quand on me fait remarquer que je dis le contraire de ce que je pensais et prônait il y a quelques années, ou même hier. Je revendique le droit de réfléchir et de changer d’avis. Et je vous remercie de m’aider à changer, à évoluer.
Evoluer, est-ce devenir meilleur ? Meilleur pour qui ? Soi ? Les autres ? J’espère évoluer, l’évolution donnant des êtres mieux adaptés à leur environnement, ce qui ne signifie pas qu’ils socialisent mieux.
Fini d’écrire hier et donné en lecture à Rouen devant un parterre de personnes mûres et avec divers niveaux de sagesse… La forme et le sujet le place du côté slam de mes écrits.
Demain.
Quand on considère l’immensité d’un monde,
Comparée au dérisoire de l’être humain,
Peut on imaginer, une seule seconde,
Que nous sommes les maîtres de nos destins ?
Pour aspirer au bonheur, il faut de l’espoir,
Croire que la chance va toujours nous sourire,
Et que, chaque nouveau jour quand viendra le soir,
C’est en soupirant d’aise qu’on va s’endormir.
Tout a commencé un jour de grand soleil,
Sur une plage immense où mes pas me portaient,
Où le monde bruissait comme un essaim d’abeilles,
Une foule braillarde qui m’insupportait.
Je cherchais, dans le chaos, comme un exutoire,
M’étourdissant de lumière et surtout de bruit.
Acceptant l’épreuve comme on entre au purgatoire,
De l’arbre de l’indifférence, je mordais le fruit.
Tant d’années passées à refuser d’entendre
Les rumeurs de la rue, les larmes des enfants !
Un jour se mettre debout, et puis attendre
La main pour nous guider dans le monde des grands.
La sagesse n’est pas d’ignorer ses voisins,
Malgré que ce soit bougrement confortable.
Personne de normal ne se blesse à dessein,
Mais parcourir le monde est inévitable.
Dans la lucarne magique, une foule pixellisée
S’agite pour nourrir les reines de la colonie,
Des multinationales aux dirigeants anonymisés
Qui guettent les derniers sursauts de nos agonies.
Jamais rassasiés, jamais exposés, ils ordonnent
Qu’on moissonne pour eux des champs déjà appauvris.
Téléphones, fax, ordinateurs, la ruche bourdonne
Et, pour chaque nouveau licenciement, le riche sourit.
Je connaissais, du monde, la suave beauté.
J’en connais, maintenant, la froide indifférence,
Retranchée derrière tous ces mots chuchotés,
Que la futilité réduit au silence.
Il est d’étranges douleurs qu’on ne peut nommer,
Tellement proche du plaisir qu’on les confond.
Je prévois que, pour en atteindre les sommets,
Ami, il nous faudra d’abord toucher le fond.
La rose sans l’épine, le ciel trop pur,
Il manque le détail, l’élément accrocheur.
Les passions folles sans les égratignures,
Il faut du poivre pour rehausser la saveur.
La conscience aiguisée de nos imperfections
Peut-elle effacer notre culpabilité ?
Face à l’agitation du monde et des nations,
On sait se protéger avec habileté.
Pour vivre heureux, vivons chez nous,
Bien à l’abri derrière de hauts murs,
Protégés comme on peut de ce monde de fous,
Avec la télé à fond qui en couvre les murmures.
Egoïste, mais sincèrement désolé, on ignore
Que les véritables maîtres de nos vies rêvées
Sont très peu, en fait, à se partager le trésor,
Et que c’est à nos larmes qu’ils viennent s’abreuver.
En ce printemps des poètes où déjà le merle chante,
Nous sommes nombreux à ébouriffer nos plumes.
Pendant tout un hiver, les envies se décantent.
Au moindre rayon de soleil, les pupilles s’allument.
J’oublie, comme beaucoup, que le bonheur se mérite.
Certains jours, des détails attirent nos regards.
Mêmes les pessimistes renoncent et en profitent.
Et dans la foule bigarrée, ma conscience s’égare !
© Frédéric Casset – 03/2016